La dissertation est un débat par écrit.
On vous pose une question simple, mais il n’y a pas de réponse simple.
C’est ce que vous devez montrer. Spontanément, les élèves disent « ça dépend ». Justement : de quoi est-ce que ça dépend ? Souvent du sens que l’on donne aux mots, il y en a plusieurs. De la vision du monde et de l’homme que l’on est ; de la place que l’on occupe ; de sa culture. Etc.
C’est la fameuse « problématisation ». Il faut montrer les problèmes que la question soulève.
Aristote dit qu’il y a problème quand il y a désaccord entre les savants (les différentes doctrines que vous avez pu apprendre), ou entre les savants et le peuple, (le sens courant et le sens philosophique d’un terme), ou entre les mots et les choses (tous les hommes naissent libres et égaux en droit, le problème est-il dans les mots ou entre les mots et les faits?)
Si l’on vous demande par exemple « l’homme est-il libre », vous verrez que vous trouverez autant de « pour » que de « contre ».
Si être libre, c’est faire ce que l’on veut (vision courante), alors non.
Mais l’homme esclave de tous ses appétits est-il libre?
Pourtant, certains pensent que l’homme est libre. Est-ce dans le même sens du mot?
Peut-être la liberté humaine est-elle simplement la possibilité de choisir?
C’est ce que pensent Descartes et Kant, ainsi que la plupart des philosophes.
Mais choisir n’implique-t-il pas de pouvoir apercevoir les conséquences de ses actes et d’avoir la force de les assumer?
Sommes-nous tous dans ce cas?
Vous voyez que la réponse sera plus nuancée que la question.
C’est aussi que ce petit mot « est », que l’on ne pense jamais à analyser, et bien à tort, prête à confusion : l’homme n’est rien de statique, il se transforme en permanence, la liberté n’est peut-être pas un fait mais un potentiel, un processus, jamais achevé…
Voyez aussi qu’en ne faisant rien de plus, vous avez fait à la fois un débat par écrit et une réflexion sur le vocabulaire : on était parti de définitions courantes de l’homme et de la liberté, on s’est aperçu que ce n’était pas aussi simple, notre réflexion s’est approfondie au fur et à mesure, elle s’est appuyée sur quelques auteurs. On ne vous en demande pas plus.
À suivre.