Qu’est-ce qu’une dissertation? III

Introduction, transitions, conclusion

Maintenant que vous avez compris l’essentiel, attachons-nous à la forme que doit prendre votre devoir.

Je répète l’image que je vous ai donnée dans la première partie de ce billet : Qu’est-ce qu’une dissertation ?

Imaginez la scène suivante: nous sommes debout, sous la pluie, en train de vous écouter.

Vous devez donc nous expliquer pourquoi vous nous avez fait venir. C’est l’introduction. Je l’explique plus bas.

Puis, tout au long du devoir, vous devez nous rappeler régulièrement où vous en êtes par rapport à ce que vous voulez démontrer.

C’est ce que fait tout orateur pour que ses interlocuteurs ne perdent pas le fil. Vous comprenez mieux pourquoi imaginer que nous sommes debout sous la pluie: comment voulez-vous que nous prenions des notes dans ces conditions?

L’introduction doit donc nous expliquer, à nous qui vous lisons ou vous écoutons, que la question, qui a priori semblait simple, ne l’est pas.

Vous ne ferez l’introduction qu’à la fin du brouillon. En effet, celle-ci nous introduit, nous lecteurs, au problème que vous pose la question posée et au chemin que vous avez choisi pour y répondre.

Elle nous montre qu’il y a une première thèse, la thèse A, couramment donnée, qui ne va pas, et qu’il y a une thèse B, plus élaborée, ou simplement différente qui ne va pas non plus. Bref, vous montrez qu’il y a un problème, c’est-à-dire une aporie, une impasse. Si vous n’avez pas vu le problème, si l’une des solutions l’emporte d’entrée, c’est qu’il n’y a PAS de problème, et… vous n’aurez pas la moyenne.

Selon Aristote, il y a problème lorsqu’il y a désaccord entre le peuple et les savants, ou bien entre les savants entre eux, ou bien entre les mots et les choses.

L’introduction exposera donc deux thèses opposées qui répondent à la question posée ou bien elle exposera la contradiction entre les deux thèses.

Le problème n’est nulle part ailleurs ! Il y a plusieurs réponses possibles, valables, défendables à la question du sujet.

Vous pouvez donc :

Soit opposer la phrase du sujet et une citation (en principe l’homme est libre, puisque… mais pourtant Spinoza affirme que…)

Soit opposer deux auteurs (Selon Descartes… mais pourtant Freud démontre…)

Soit une idée et un fait (tous les hommes sont libres et égaux en droit… néanmoins on peut voir dans nos rues…)

Soit pratiquer la relativisation dans le temps (ce qui est éthique aujourd’hui, la tolérance par exemple, ne l’a pas toujours été…) ou dans l’espace : vous qui grandissez parmi plusieurs cultures savez que ce qui est « bien » dans l’une ne l’est pas forcément dans l’autre.

Après avoir montré que deux thèses opposées sont également défendables, procédez à l’annonce du plan (nous étudierons d’abord… puis… pour enfin…)

La 1ère partie défend la 1ère thèse, puis vous faites une transition qui récapitule ce qui vient d’être défendu en en montrant la faiblesse, et donc en annonçant ce qui va suivre.

Ensuite vous défendez la 2ème thèse et, entre les 2ème et 3ème, une autre transition (après avoir vu que… et également que…, voyons si dans un autre sens des termes…)

Enfin, la conclusion en philosophie n’est qu’un bilan de travail. D’où étions-nous partis, où sommes-nous arrivés en rencontrant quels obstacles et ouvrant vers quels horizons.

Voilà!

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