Bien sûr que non, puisqu’il est impossible. (Ils ont de ces questions…)
Oui, bien sûr, ça permet de repousser nos limites !
Voilà…
Analysons donc un peu le vocabulaire :
Faut-il : notion de devoir, de nécessité objective, a-t-on raison de…
Mais surtout, en vue de quoi cela serait-il souhaitable, raisonnable ou impératif ? Pour faire quoi, dans quel but ?
Faire comme tout le monde ? Pouvoir se regarder dans sa glace sans rougir ? Ce n’est déjà pas la même réponse.
Désirer : Tendre vers un objet, un but, dont on pense qu’il nous rendra heureux. Les problèmes menacent déjà, mais on nous dit aussi que la réflexion philosophique s’interroge sur le sens à attribuer au désir humain : est-il l’expression de la liberté ou de l’esclavage des hommes ? Quant à son étymologie, desiderare, « regret d’un astre disparu », elle semble dire que l’objet que nous désirons est toujours trompeur et que nous sommes à la roue…
L’impossible : ce qui n’est pas possible.
Possible : qui peut se produire, être réalisé ou que l’on peut croire. Justement, tout cela n’est-il pas très relatif ? L’impossible d’hier n’est-il pas devenu le possible d’aujourd’hui ? L’impossible d’un groupe le possible d’un autre ?
Vous l’avez compris, cela se discute.
A ce stade, je vous propose simplement de faire deux colonnes :
Il ne faut pas désirer l’impossible
Le désir est dangereux.
Le désir est égoïste, immoral, amoral, violent, il renverse tout sur son passage, ne se soucie pas des pots cassés.
À courir après des chimères, on néglige ce qui était possible, à notre portée, à notre échelle. On aura donc perdu ses forces, son temps, pour rien.
Qui sommes-nous pour aller contre l’ordre du monde?
Le désir est du côté du corps. Or c’est la raison qui doit nous diriger.
« Le désir est dépendance », nous dit Épicure.
« Le désir est illusion », nous disent Schopenhauer et Rousseau.
Etc.
Il faut désirer l’impossible
« Le désir est l’essence même de l’homme », Spinoza, Éthique, III.
L’impossible d’hier étant le possible d’aujourd’hui, il apparaît que tout ce qui s’est fait depuis que l’homme est sur terre vient de ce que les hommes ont désiré l’impossible.
Désirer est le propre de l’homme. L’homme est cet être jamais satisfait, toujours en décalage sur ce qu’il pourrait être. Le désir est donc le moteur de l’action.
Il faut désirer l’impossible pour faire reculer ses limites. Pour au moins avancer en direction de son idéal.
Il faut désirer la justice, la fraternité, même si c’est impossible.
Il faut au moins s’entendre sur la bonne direction, c’est à partir d’une idée (la justice, par exemple) que nous jugeons tout.
Kant parle « d’idéal régulateur » ; l’idéal, impossible à atteindre, est une boussole!
Bien. Qu’est-ce que cette mise à plat des arguments des uns et des autres nous permet-elle de comprendre ?
Le problème est-il de désirer ou non l’impossible ?
N’est-il pas plutôt de ne pas les confondre ?
Le désir est-il nécessairement aveugle ? Égoïste, immoral ? Puisque c’est une partie essentielle de nous-mêmes, ne pouvons-nous pas l’éduquer, peu à peu, le comprendre, le porter à maturité ? C’est cette ascension que raconte Le Banquet de Platon, ainsi que toute l’Éthique de Spinoza.
Freud, enfin, ne dira pas autre chose : la sublimation est ce mouvement qui transforme des pulsions primaires en des désirs socialement acceptables.
C’est cela, et bien d’autres choses, qu’expliquera votre troisième partie.
Ne nous montrera t-elle pas que la question était mal posée ?
Que le problème était ailleurs ?
N’avez-vous pas élargi le cadre ?
Vous n’aurez plus de mal à nous le démontrer dans l’introduction.
Ni à faire des transitions entre les parties.
Me semble-t-il.
Et la question que vous vous poserez pour le prochain sujet sera : pourquoi veut-on me faire réfléchir à cela ?
Et puis, posez-moi des questions !